Apprendre à vivre définitivement sans la présence d'un être aimé n'est jamais chose aisée. Le processus de deuil, selon la personnalité et le vécu de chaque individu peut être plus ou moins long à surmonter. Entre la sensation de manque et de rapport à la mort, surmonter un deuil est un parcours intime. Au sein d'une même famille, chacun vivra différemment les étapes du deuil.
Les étapes du deuil commencent avec l'annonce du décès
Mort violente ou fin de vie, l'annonce d'un décès est toujours un choc qui génère bien souvent un trouble profond.
Faire face au deuil, c’est un travail qui débute dès l'instant de l'annonce. La personne disparue passe du statut de vivant à celui de défunt, en un instant. Seul(e) ou en famille, le processus de deuil commence par l'acceptation de ce décès. Les heures, et même les jours qui suivent l'annonce ne laissent que peu de temps pour faire face au deuil. La famille, les proches du défunt sont submergés par leurs émotions, sentiment de colère ou de chagrin. Chacun s'affaire aux différentes tâches administratives incontournables.
Ce n'est qu'après les obsèques que chacun est confronté à la réalité : la vie continue sans la présence du défunt. La personne disparue n'est plus là, et chacun en prend conscience petit à petit. Ce n’est qu’alors que l’on peut se concentrer sur son processus de deuil. Il faut changer ses habitudes, faire face à un véritable cataclysme, sans pour autant négliger le chagrin de ses proches ni le fait que la vie, elle, continue.
La première étape du deuil débute donc par l'acceptation de la perte définitive de la personne disparue. Plus jamais on entendra sa voix, son rire, plus jamais on ne pourra la prendre dans ses bras. C’est une réalité, aussi dure soit-elle à accepter.
Le deuil d'un proche
Le travail de deuil est une épreuve intime que chacun traverse à sa manière. Le quotidien reprend ses droits, inexorablement, et la vie continue. Le travail de deuil ne vise en aucun cas à oublier la personne disparue, mais à faire vivre son souvenir dans sa tête et dans son cœur. L'acceptation du décès en tant que tel est toujours synonyme de chagrin, voire d’une véritable douleur. Dans les premières semaines, les émotions négatives se succèdent et le chagrin est omniprésent à la simple évocation du défunt. Au fil des jours, toutefois, chacun parvient à faire face au deuil. La colère s'apaise, les sentiments sont moins douloureux, et les souvenirs heureux parviennent à nous faire sourire : le travail de deuil est en marche.
L'avancée de ce travail de deuil et les différents sentiments qui s'y succèdent dépendent, en priorité, du lien que chacun entretenait avec le défunt et du chemin parcouru ensemble. Un(e) conjoint(e), un papa, une maman, un enfant, un frère, une sœur, un copain, un(e) ami(e) ne pourront pas faire face au deuil de la même manière. Au-delà du manque, la place que le défunt occupait dans notre vie est maintenant vie. Le quotidien que l’on partageait, le soutien sur lequel on comptait, le futur que l’on projette avec lui, tout cela est remis en question et nous force à vivre autrement.
D'autre part, l'âge auquel on doit faire face au deuil est un facteur essentiel. Pour les enfants, le travail du deuil est parfois moins compliqué. Ces derniers se tournent plus rapidement vers le futur et ce que leur réserve la vie. Si leur quotidien est suffisamment stable et sécurisant, ils parviendront donc rapidement à l’acceptation. A contrario, si leur entourage est bouleversé, que la douleur de leur proche semble insurmontable, cela viendra facilement entraver le travail de deuil. Pour les adultes, le processus de deuil est souvent bien plus long et laborieux. La douleur générée par la perte d'une personne étant bien souvent proportionnelle au temps que l’on a passé à ses côtés.
Enfin, et cela est plus compliqué à comprendre, mais essentiel pour accompagner une personne endeuillée, la capacité à surmonter une épreuve, à se reconstruire, n’est pas la même pour tous. Certains sont prompts à trouver des solutions et à aller de l’avant, on les dit résilients. Ils ressentiront la douleur, le manque, devrons passer par le même processus de deuil, mais y parviendront avec une énergie et une force d’adaptabilité qui est difficile à comprendre pour des personnes plus sensibles. À l’opposé, certains seront véritablement ébranlés. Plus que de la douleur, c’est le sens même de leur vie, voire de leur envie de vivre, qui est remis en question. Dans ce cas, le travail de deuil sera plus long, plus compliqué, car il s’accompagne d’une remise en question profonde de soi.
Il est important de souligner que l'avancée dans ce processus de deuil ne sera pas linéaire. Si la douleur des premiers jours fait place, petit à petit, à un chagrin moins violent, cette douleur peut être ravivée lors d'une fête ou d'un anniversaire. De même que la notion de manque s'atténuera au fil du temps, sans jamais s'estomper. Respecter le rythme de chacun dans les étapes de deuil qu'il a à franchir, c'est aussi respecter la mémoire et le souvenir de la personne disparue dans les yeux de l'autre.
La mort est inéluctable et il n'existe pas de formule magique pour accomplir son deuil. C’est un travail de chaque instant, où chacun doit veiller à ce que la personne endeuillée ne sombre pas dans la dépression ou dans le déni.
Le deuil périnatal
Certains deuils comme le deuil périnatal sont encore plus compliqués.
En effet, la gestion du deuil dans le cadre de la perte d'un enfant, qui n’a pas eu la chance de vivre, est véritablement complexe. Il faut parvenir à faire face à un deuil parfois qualifié d'invisible. L'enfant n'a pas eu d'existence physique dans la maison, aucun souvenir partagé, pas de photos souvenir. Pourtant, tout un futur a déjà été imaginé par les parents. Ses affaires, ses jouets, même sa chambre ont été préparés. Ses parents ont imaginé le prendre dans leurs bras. Sa maman l'a même sentie dans son propre corps, mais sa vie s'est éteinte.
En plus du deuil, les parents sont confrontés à un sentiment d'impuissance, voire de culpabilité. Ils n’ont rien pu faire pour protéger leur enfant, n’ont parfois pas d’explication pour comprendre pourquoi cela leur est arrivé. Beaucoup de craintes et de questions se posent alors. Aurait-on pu éviter ce décès ? Est-ce à cause d’un souci de santé ? Cette situation, a-t-elle des chances de se présenter à nouveau lors d’une prochaine grossesse ? Ce désir d’enfant, vaut-il la peine d’endurer une telle souffrance ?
Ces questions, très spécifiques, exigent pourtant des réponses adaptées et un accompagnement spécifique. En effet, le deuil périnatal laisse des traces indélébiles et une douleur très intense peu importe le moment de l'interruption de grossesse. Malgré ce constat, le deuil périnatal est encore trop souvent négligé.
Le deuil d'un animal
Mis de côté, sous-estimé par beaucoup, voire moqué par certains le deuil vécu suite à la perte d’un animal de compagnie est pourtant bien réel.
Toutes les personnes qui ont des animaux doivent, tôt ou tard, faire face à leur départ. Quel que soit l’animal, au moment de l’adoption, le maître à décider d’organiser sa vie autour des besoins de son compagnon afin de vivre des moments d’échange et de complicité sans équivalent. On pense facilement aux chiens ou aux chats, pourtant il en va de même avec des chevaux, des hamsters ou des oiseaux. Nous avons décidé d'accueillir dans nos foyers une vie qui dépend entièrement de nos bons soins. Nous lui avons aménagé un espace de vie, modifié notre emploi du temps pour en prendre soin, l’avons considéré comme un membre de la famille à part entière. Bien souvent, les animaux de compagnie ont une présence constante et très affectueuse dont il est compliqué de faire le deuil.
Dans le cas d'un deuil animalier, l'entourage n'est pas toujours à même d'accepter ou de comprendre la douleur que vivent les maîtres. Il n’est pas rare de constater une véritable honte de la part des propriétaires, qui n'osent pas exprimer leurs sentiments face à cette perte de peur d’être incompris, voire d’être tournés en ridicule. Que cela soit dans le cercle privé ou à fortiori dans le milieu professionnel, exprimer sa douleur suite à la perte d’un animal est encore aujourd’hui perçu comme de la sensiblerie.
Faire face à un deuil animalier nécessite pourtant un processus de deuil qui peut s’avérer tout aussi long et douloureux que pour toute autre perte. Un animal est un être vivant qui tient une place de choix dans le cœur de ses maîtres, mais aussi dans leur vie quotidienne. Comme pour chaque décès, l’animal défunt emporte avec lui des souvenirs, bouleverse et remet en question le quotidien. À quoi sert, à présent, la promenade dominicale au parc sans mon chien ? Qui va venir me lécher le visage pour me réveiller le matin ?
Faire face au deuil animalier relève du même processus de deuil que pour un humain. Là encore, le travail de deuil dépend de la relation que chaque membre de la famille entretenait avec l'animal défunt. À chacun son rythme, à chacun sa méthode, sans jamais nier ni négliger le parcours des autres.